Panamera Turbo S : étoile en voie d’extinction

C’est vrai que ce n’est pas difficile. Si vous souhaitez rouler en Porsche avec femme et enfants et que vous êtes allergique aux SUV, le choix se rétracte comme une peau de chagrin. C’est Taycan ou i. Pour peu que l’électrique vous donne de l’urticaire, il ne reste plus que la Panamera. Et comme le poids c’est l’ennemi, vous n’avez sans doute pas envie de vous trimbaler une batterie qui grève le coffre de votre sportive familiale de 100 l et pèse le poids de votre foyer, vous compris (270 kg !). Comme vous aimez les sportives, les Porsche, mais aussi votre famille et que vous habitez dans un endroit où vous ne pourrez pas stocker un Cayenne et une 911 à la fois (c’est triste pour vous, je sais), le choix est vite fait : Il vous reste la Panamera GTS et la Panamera Turbo S. Je sais, vous allez me parler du malus. Je vous répondrai que vous aurez le même problème sur n’importe quelle 911, quelle que soit la version choisie. Les derniers réfractaires me parleront de performances. Mais ils ont tort. La Panamera Turbo S, avec un temps au tour sur la boucle Nord du Nürburgring de 7 min 29 s 81, n’est que 4 secondes plus lente qu’une 992 Carrera S, mais 1 s plus rapide que la supercar Carrera GT ! Et côté accélérations, il n’y a pas photo : 3,6 s pour le 0 à 100 en 992 Carrera S, 3,1 s pour la Panamera Turbo S. On continue ? 315 km/h en pointe pour la berline et 306 km/h pour le coupé. Bien-sûr, la 992 Turbo S fait mieux : 0 à 100 en 2,7 s et 330 km/h en pointe. Mais elle coûte sans options 35 000 € de plus que la Panamera Turbo S, et n’offre que 20 petits chevaux de plus (650 ch), deux cylindres de moins et même 20 Nm de couple de déficit ! Serais-je en train de saborder sa majesté 911 ? Bien-sûr que non. Avec 440 kg de moins, cette dernière gardera toujours l’avantage en termes de vivacité, d’agrément, de réactivité, de caractère. En un mot : de sportivité. Mais aussi en termes d’image. Mais si vous passiez outre ? 

Tout dépend des critères que l’on choisit, c’est vrai. La Panamera n’est pas la berline la plus technophile du moment. Elle ne se conduit pas complétement seule, ne se gare pas sans l’intervention de son propriétaire non plus. Ce n’est pas la voiture la plus confortable du monde. Une Mercedes Classe S fait mieux. Ce n’est pas la plus luxueuse, Bentley et Rolls-Royce sur ces points sont dans une autre galaxie. Ce n’est pas la plus habitable, ni celle offrant le meilleur rapport prix équipement. Pour finir, elle n’a pas le caractère mécanique de sa principale rivale, la Mercedes AMG GT 4 portes 63S 4 Matic +, forte d’une puissance (639 ch) d’un poids (2120 kg) et d’un prix (189 600 €) comparables à ceux de la Panamera Turbo S. Pourtant, face à cette dernière, elle offre un bien meilleur confort et une direction infiniment plus informative. Le dynamisme de la Panamera n’a rien à voir avec celui d’une Bentley ou d’une Classe S. Offrir le luxe d’une limousine à l’allemande et le plaisir et les performances d’une supercar, seule la Panamera Turbo S sait le faire. Et oui, comme d’habitude, tout est affaire de compromis. Prenez le volant de la Panamera Turbo S et vous êtes instantanément dans une Porsche, une vraie. Position de conduite idéale grâce aux multiples réglages et au maintien parfait des sièges. Infos essentielles sous les yeux, volant au diamètre parfait, direction douce mais précise et informative. Compromis parfait entre confort et tenue de route, moteur chantant, vivant, plein partout et au caractère bien trempé sans être mal élevé, et surtout UN châssis ! neutre mais joueur, qui parait léger malgré les deux tonnes sur la balance. La Panamera suit instantanément la moindre injonction ordonnée par son conducteur-pilote. Car oui, la Panamera Turbo S est une vraie sportive. Son châssis 4D Control, qui cumule 4 roues motrices et directrices, la direction Servotronic+, le PDCC (barres anti-roulis actives), le PTV+ (contrôle du couple en lacet pour plus de dynamisme), et le PASM (suspension active) associé à la suspension pneumatique en font la meilleure du segment. Aucune autre berline de sa catégorie n’est capable, d’offrir un tel agrément, un tel feeling associé à des performances d’un tel niveau. Malgré tout ça, la Panamera Turbo S se conduit au quotidien comme une sage berline. Silencieuse, confortable, prévenante, si simple à emmener quand on a dans l’œil son gabarit un peu imposant et ses multiples fonctionnalités inhérentes à toute berline moderne. 
Et puis la Panamera, c’est quand même une très belle auto, aux lignes sportives et terriblement Porsche, plutôt rare sur nos routes, avec une réelle prestance doublée d’une relative discrétion. Une ligne qui ne fera que se bonifier avec le temps. Encore une caractéristique propre aux Porsche. Pourra-t’on en dire autant d’une AMG GT 4 portes dans 10 ans ? Pas sûr !

Alors si vous doutez encore de l’intérêt de cette étoile en voie d’extinction, commandez sur le site flat6mag.com le N° 359 de Flat 6 Magazine et vous finirez par être conquis par celle qui restera une des dernières Porsche sans assistance électrique et sans doute la plus rare des Panamera. Un futur collector ? Pourquoi pas !?

Texte rédigé par Fabien Caron