Porsche carrera gt prototype

Porsche Carrera GT : la meilleure Porsche de l'histoire ?

Le 14/04/2022

Voilà près de vingt ans qu’elle alimente les fantasmes des porschistes et qu’elle hante les nuits de tous les amateurs de sportives. La Porsche Carrera GT incarne aujourd’hui le dernier représentant de la marque en termes de Supercar « à l’ancienne ». Moteur atmosphérique, boîte manuelle et bien entendu, aucune hybridation. La meilleure Porsche de l’histoire ?

Porsche Carrera GT : une histoire peu commune

Tout commence quelques jours à peine avant l’ouverture du Mondial de l’Automobile de Paris 2000. L’ensemble de la presse automobile internationale est convié par Porsche sur le parvis du Louvre, le jeudi 28 septembre à 6 h du matin, soit quelques heures à peine avant l’ouverture du salon aux journalistes ! Le secret est tellement bien gardé que nul n’a idée de ce qui sera présenté. A 6 h 15, après deux vidéos de présentation diffusées dans la salle de conférence du Louvre, dont l’une tournée la nuit même sous la pluie dans les rues de Paris, elle arrive par la route, dans le noir, devant un parterre de journalistes médusés. Elle, c’est la Carrera GT. Ou plutôt le prototype qui annonce un futur modèle de production. A son volant, le grand Walter Röhrl en personne. Le public n’a pas le temps de reprendre ses esprits que la belle a déjà disparu dans l’obscurité. Quelques heures plus tard, elle trône fièrement sur le stand Porsche pris d’assaut. Très vite, la décision de la mettre en production est validée. Il faudra attendre mars 2003 et le salon de Genève pour voir la version définitive s’offrir aux yeux du public. Bonne nouvelle, elle ne diffère que très peu du prototype qui lui a donné naissance. Les plus observateurs remarqueront les feux supplémentaires de chaque côté des échappements arrière et les feux additionnels avant. Sous le capot, en position centrale arrière, un inédit V10 de 5,7 l qui développe 612 ch à 8000 tr/mn. Un moteur né pour la compétition, conçu pour mouvoir un prototype LMP1 dont la genèse a été tuée dans l’œuf par le directoire pour cause budgétaire. Pourtant le feu vert avait été donné à l’hiver 98-99 pour concevoir une barquette capable de remporter les 24 heures du Mans 2000. Baptisée LMP 2000, elle restera secrète jusqu’à ce que Porsche nous autorise à l’immortaliser pour le n°300 de Flat 6 Magazine, en février 2016. Selon Wendelin Wiedeking, CEO de Porsche dans les années 2000, priorité devait être donnée au lancement du futur Cayenne. Seule consolation, cette Carrera GT qui n’aurait sans doute pas existée sans ce projet avorté.

Porsche Carrera GT, des gênes de compétition

Le prototype cubait 5,5 l pour 558 ch. La version de série passera à 5,7 l pour 612 ch. Le couple atteint 590 Nm à 5750 tr/mn. Le V10, une architecture unique pour une Porsche de série, forme un angle de 68° et ne pèse que 214 kg grâce à l’utilisation massive d’alliages légers. Carter sec, quatre soupapes par cylindre, bielles en titane, Variocam, aucun sacrifice technologique ne lui est refusé. La boîte manuelle à 6 rapports dispose d’un embrayage monomasse en céramique de faible diamètre particulièrement difficile à commander. Sa durée de vie excède rarement 20 000 km et le coût de remplacement avoisine les 8000 €. Tout dans ce roadster biplace fleure bon la compétition. Sa coque est intégralement réalisée en PRFC. Une association de matière composite et de carbone. Elle ne pèse que 100 kg. La carrosserie, à l’exception du capot moteur en alu est réalisée en carbone. Carbone qui habille également le fond plat. Du côté des liaisons au sol, la Carrera GT hérite du travail effectué sur la 911 GT1 de compétition. Essieux avant et arrière à double triangulation, combinés ressorts-amortisseurs actionnés par des poussants en acier spécial et levier de renvoi, bras de suspension en alu matricé vissés directement sur le châssis, freins en céramique, jantes en magnésium à écrou central (bleus à droite, rouges à gauche), pneus spécifiquement développés par Michelin, la Carrera GT, sous ses allures de supercar est bien une voiture de compétition adaptée à la route.

Porsche Carrera GT : pleinement utilisable sur route

A la différence de la 911 GT1, la Carrera GT est conçue pour être utilisable sans disposer d’un circuit en bas de chez soi et ça se voit ! L’accès à bord est presque aussi facile que dans une 911, en prenant soin de ne pas rayer au passage les généreux seuils de portes en carbone. L’habitacle servira même de modèle pour les futures productions de la marque avec sa console centrale surélevée et inclinée. Les sièges quant à eux se retrouveront en option sur les Porsche les plus sportives. Habillés de cuir et de carbone, ils maintiennent idéalement le corps. Direction assistée, toit amovible en deux parties qui se rangent dans le compartiment avant, climatisation efficace et radio permettent d’envisager une utilisation presque quotidienne. Même les suspensions, malgré leur relative fermeté, permettent d’envisager un long parcours sans faire courir au conducteur le risque d’un tassement de vertèbres. Seul le maniement de la boîte de vitesses, dont le levier en bois est un subtil clin d’œil aux Porsche de compétition, et la hargne du V10 vous rappelleront que vous n’êtes pas au volant de n’importe quelle Porsche. C’est là toute la force de la Carrera GT. Faire d’une voiture taillée pour la piste une véritable supercar utilisable en presque toutes circonstances, à condition de faire preuve d’humilité. La dernière supercar conçue à l’ancienne par Porsche, sans boîte robotisée, sans hybridation, sans suralimentation. Une Porsche de puriste qui pourtant eut bien du mal à trouver preneur entre 2003 et 2006. Sur les 1500 exemplaires qui devaient sortir des chaines d’assemblage de Leipzig, seuls 1270 seront finalement produits, au prix de 390 000 €. Une relative rareté qui se paie aujourd’hui au prix fort puisque les rares exemplaires qui s’échangent sur le marché ont presque doublé la mise de départ !