Pas question ici de vous refaire l’historique complet de la maison Porsche. Sachez néanmoins, si vous l’ignorez, que lorsque Porsche présente sa 968 fin 1991, la marque traverse la pire crise de son existence. Crise économique pour le principal marché du constructeur (les Etats-Unis), problèmes de fiabilité et coût d’entretien élevé pour la 964 qui peine à faire oublier la 911 Carrera 3.2, 944 en fin de vie, 928 trop gourmande et trop chère, bref, ce n’est pas le moment d’investir trop lourdement dans une nouvelle voiture. Le projet 944 S3 se transformera finalement, sous le poids des têtes pensantes du marketing, en 968 selon un savant calcul : 924 + 944 = 968, soit l’aboutissement d’une lignée de PMA commencée dans les années 1970. Le nouveau chef designer maison, Harm Lagaay, de retour à Stuttgart après avoir signé le dessin de la Porsche 924 dans ses jeunes années tente de faire des miracles. Et il ne s’en sort pas mal ! Les faces avant et arrière sont totalement remises au goût du jour. Elles intègrent de nouveaux boucliers en polyuréthane qui signent l’identité Porsche de l’époque et qui font disparaitre les pare-chocs vieillissant de la 944. Les phares ronds, escamotables mais visibles en toutes circonstances, rappellent la 928, tout comme l’arrière aux feux rouges affleurant. Le profil, à l’exception des rétroviseurs, des jantes, des poignées de portes et des bas de caisses est identique à celui de son prédécesseur. Le mélange des époques n’est pas toujours heureux suivant les angles de vue, mais ironie du sort, il vieillit particulièrement bien. L’intérieur aussi vieillit bien. Il faut dire qu’il reprend celui de la 944 S2 à l’exception des airbags de série, de contre-portes mieux finies et… d’une horloge analogique sur la console centrale. Côté mécanique, l’excellent et atypique 4 cylindres 3 l est repris à la 944 S2 mais il se dote d’une distribution variable. Au final, 240 ch au lieu de 211 et un appétit pour les hauts régimes amélioré. La boîte de vitesses se dote d’un 6ème rapport, plutôt rare pour l’époque. Évolution plutôt que révolution donc, une recette qui a plutôt bien marché pour Porsche jusqu’à présent, mais qui avouera ses limites avec cette 968. Fabrication à l’ancienne entrainant des coûts de fabrication exorbitants par rapport à la nouvelle concurrence japonaise (Nissan 300 ZX, Mitsubishi 3000 GT, Mazda RX-7…), la 968 a du mal à justifier son prix de vente. Pire, le coup final est apporté par une voisine bavaroise : la BMW M3 E36, pour la première fois dotée d’un 6 cylindres en ligne de 286 ch. Plus performante qu’une Porsche 964, elle est moins chère, plus polyvalente et plus noble mécaniquement qu’une Porsche 968 ! Le couperet tombe. La production de la 968 est arrêtée en 1995, soit seulement 4 millésimes d’existence et 12 776 exemplaires produits, coupé et cabriolets confondus. Un bide commercial donc.