Porsche 911 2 0 s flat 6 magazine

L’évolution de la Porsche 911 S (1966 à 1975)

Le 22/02/2023

Dans Porsche 911

En 1966, Porsche présente un nouveau modèle sportif et performant, la 911 S. Considérée pendant des années comme le haut de gamme de la marque, elle voit sa popularité décliner dans les années 1970.

L’histoire de la première Porsche 911 S

Une belle journée d’été 1966, le constructeur de Stuttgart propose sa toute première évolution sportive de sa 911, la 911 S. Au salon de Paris, la marque présente un modèle plus puissant (160 ch contre 130 ch pour la 911) avec des évolutions stylistiques. Attirante dès le premier regard, elle s’équipe des jantes Fuchs, à une époque où les jantes en alliage léger n’existent quasiment nulle part. Cette belle innovation est devenue au fil du temps un incontournable de la marque et connaît toujours un certain succès auprès des passionnés. 

Les plus aguerris noterons aussi la présence de moulures de pare-chocs et de bas de caisse plus épaisses ainsi que l’absence de butoirs à l’avant. Enfin, la 911 S se pare d’un lettrage doré sur le capot arrière. Ce dernier apporte une distinction supplémentaire à la version sportive. 

Si l’esthétisme de la Porsche 911 S est (encore de nos jours) un pur plaisir, tout l’intérêt de cette sportive se trouve sous le capot. Ses deux litres de cylindrée gagnent en puissance. Ce sont 160 ch à 6600 t/mn pour un couple de 180 Nm à 5200 t/mn qui ronronnent au cœur de cette 911. Cela peut faire sourire aujourd’hui, mais il faut se replonger dans les années 60 pour imaginer l’importance de cette évolution. Ce gain de puissance est obtenu par de nombreux changements mécaniques (en comparaison avec la 911 2.0), tels que l’introduction d’arbres à cames avec un temps d’ouverture plus longs, des soupapes et canalisations avec des diamètres plus grands et des échangeurs pour l’habitacle modifiés pour réduire la compression à l’échappement, entre autres. Cette première dans l’histoire de Porsche n’a été commercialisée qu’à partir de 1967. 

Pour sa deuxième année de vie, elle connaît déjà de nouvelles évolutions dont une augmentation de la puissance (170 ch à 6800 tr/mn) et la modification des jantes Fuchs. Ces dernières étaient petites et fines en 4,5x15 sur la première 911 S. Au millésime 68, Porsche fait le choix d’augmenter leur largeur (5,5x15) ainsi que leur couleur avec un fond entièrement noir tandis que la précédente version disposait seulement d’écrous de roues peints.

Les baguettes en alu sur les bas de caisse deviennent plus hautes et plus grandes et la barre centrale de la grille arrière se voit remplacée par des barres plus épaisses en haut et en bas de la grille. Parmi toutes les évolutions, les poignées de portes changent afin de protéger le bouton poussoir par deux éléments chromés. Autre anecdote marquante, les ceintures de sécurité ont été rendues obligatoires en septembre 1967, pour le millésime 68. Les 911 S en sont donc naturellement équipées. 

Tout ce que nous venons de vous citer jusqu’ici n’est pas valable pour les modèles américains. Et pour cause, ces derniers ont été privés des premières 911 S en raison de leurs normes antipollution, d’où la naissance de la 911 L, vendue sur leur territoire. 

Pour ce qui est de la cote, son évolution exponentielle rend difficile son estimation…En  2022, la cote Flat 6 de la Porsche 911 S 2.0 était de 160 000 €. Il y a une vingtaine d’années, vous pouviez tomber un 0 et avoir une 911 S à 16 000 €. Cependant, la flambée des prix a fortement touché les anciennes et il devient difficile pour les passionnés de pouvoir s’en procurer une. 

Pour en savoir plus sur la Porsche 911 S 2.0 160 ch, rendez-vous dans les guides d’achat du n°142, du n°242 ou encore du n°321 disponibles à la commande. 

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La 911 2.2 S, la Porsche haut de gamme

Nous sommes en août 1969 et Porsche annonce que toute sa gamme (version T, E et S) dispose désormais d’une cylindrée de 2,2 litres. Cette année-là, la 911 S gagne encore 10 ch, atteignant 180 ch. Et pour les différences esthétiques ? Et bien, on sèche un peu. Il n’y en a aucune si ce n’est un détail sur les poignées de portes. Sur les 2.0, les portes s’ouvrent grâce à un bouton poussoir. Jugé trop dangereux en cas d'accident, il est remplacé sur la 2.2 par un loquet à l’arrière de la poignée. Vous n’avez donc presque aucune chance de reconnaître une 2.0 d’une 2.2 si vous la croisez sur la route. 

Il faut donc regarder en détail pour comprendre les évolutions de la nouvelle sportive. La jupe et le capot arrière sont en aluminium, permettant ainsi de gagner un peu de poids (environ 50 kilos) et de lutter contre la corrosion. À l’intérieur, seuls les commodos ont été redessinés. La Porsche 911 2.2 S propose néanmoins une nouvelle option : les vitres électriques. 

L’évolution de la 911 2.2 S se joue réellement au niveau du moteur. Dans le n°333 de Flat 6 Magazine, Marc Joly décrivait : “Venons en à l’essentiel : le flat 6 a désormais une cylindrée de 2195 cm3, par accroissement de l’alésage de 80 à 84 mm. La puissance est de 180 ch à 6500 t/mn, soit 10 ch de plus obtenus 300 t/mn plus bas. Le couple est de 199 Nm à 5200 t/mn soit 16 Nm gagnés, là aussi 300 t/mn plus bas. En plus de l’accroissement de cylindrée, le joint de culasse, les cylindres (avec plus d’ailettes) et les soupapes ont été modifiés, entre autres.”

Porsche a aussi retravaillé sa boîte de vitesses. Effectivement, sur la 911 S 2.0, la boîte était identique à la 911 2.0 avec seulement une cinquième plus longue. Pour la 2.4 S, les rapports sont modifiés et globalement un peu plus longs. La boîte 901 est alors rebaptisée 911. Afin de rendre la direction plus légère, les points d’ancrage des jambes de suspension avant ont été avancés de 14 mm. 

Pour le millésime 71, Porsche s’intéresse toujours de près aux problèmes de corrosion. Pour cela, le constructeur ajoute une couche de zinc sur les soubassements. La 2.2 S voit aussi sa pompe à essence déplacée de la traverse de suspension avant vers le bras de suspension arrière gauche. Autre détail, l’ouverture de la boîte à gants est modifiée. 

En 2022, la cote Flat 6 de la 911 2.2 S était de 135 000 €. Tout comme pour son aînée, cette version connaît une forte hausse ces dernières années. Sa courte durée de vie de deux ans laisse place à la Porsche 911 2.4 S en 1971.

Pour en savoir plus sur la Porsche 911 2.2 S, rendez-vous dans les guides d’achats du n°162 et du n°333 disponibles à la commande. 

Porsche 911 2 2 s flat 6 magazine
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La 911 2.4 S, des évolutions notables

Pour son millésime 72, Porsche présente ses nouvelles 911. On parle de 2,4 litres alors que la cylindrée exacte est de 2341 cm3. Cette hausse de cylindrée se situe à mi-chemin entre les normes de pollution américaines et le soutien de la 911 en compétition. En effet, la concurrence est de plus en plus vive mais  les normes de plus en plus sévères. Porsche trouve alors le parfait compromis avec l’évolution de son moteur. La puissance gagne encore 10 ch sortant 190 ch à 6500 tr/mn et il gagne en souplesse à bas régime. Son couple est désormais de 216 Nm à 5200 t/mn soit 17 Nm de plus obtenus au même régime. 

Le constructeur intègre une nouvelle boîte de vitesses type 915 issue de la compétition et notamment des Porsche 908. Sa configuration plus classique entraîne une hausse de poids (on parle d’une augmentation globale de la voiture de 30 kg environ). Les jantes deviennent plus grandes, passant en 6x15. 

Côté esthétique, la Porsche 911 2.4 S se distingue de ses aînées. De face, vous noterez instantanément l’apparition d’un spoiler et le rétro rectangulaire (certaines 2.2 ont pu le recevoir, surtout les Targa). Une grille noire trône à l’arrière et le lettrage devient gris alors que nous étions habitués au doré. À l’intérieur, le tableau de bord se pare de simili à la place du motif tressé. Le volant reçoit un revêtement en cuir et les sièges ont des supports de dossier inclinables peints en noir. 

En 1972, pour le millésime 73, la 2.4 S voit sa trappe à huile visible supprimée et le radiateur replacé derrière la roue arrière droite (ce dernier avait été déplacé dans l’aile arrière droite en 1971). Afin de distinguer le millésime 73 du millésime 72, notez la couleur des entourages de feux arrière ainsi que des grilles de klaxon à l’avant qui deviennent noires. Tout comme la 911 2.2 S, la 2.4 S ne vit que deux ans avant de laisser place à la 911 2.7 S en 1973. 

La cote Flat 6 de la 911 2.4 S était de 131 000 € en 2022. Pour en savoir plus sur la Porsche 911 2.4 S, rendez-vous dans les guides d’achats du n°181 et du n°271 disponibles à la commande.

Porsche 911 2 4 s flat 6 magazine
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L’arrivée d’une nouvelle ligne et moins de puissance avec la 911 2.7 S

En 1973, lorsque la marque allemande présente la 911 2.7 S, le public assiste à une importante évolution. La 911 abandonne sa silhouette élégante aux traits fins pour des pare-chocs comportant des soufflets. C’est la naissance des Type G. Imaginez la réaction des porschistes à l’époque… Par la suite, le temps faisant bien les choses, la 911 2.7 S prend un peu sa revanche mais ne gagne pas la popularité de ses aînées. Sa cote s’en ressent puisqu’elle était annoncée à 43 000 € en 2022.

Plusieurs raisons justifient cette différence de popularité. Tout d’abord, la 911 S est présentée dans un contexte mondial en crise obligeant les constructeurs à repenser leurs véhicules. Porsche a présenté la 911 2.7 RS un an plus tôt, devenant alors la star. La 911 S n’est plus le modèle haut de gamme, ni le plus puissant. Elle atteint seulement 175 ch à 5800 t/mn avec un couple de 235 Nm à 4000 t/mn. Dans ce contexte où les normes de sécurité se durcissent, les soufflets noirs sur les pare-chocs cachent des tubes d’acier télescopiques pour l’Europe et  des vérins hydrauliques pour les Etats-Unis. Leur but ? Absorber l’énergie en cas de chocs à faible vitesse. Afin de les installer, Porsche a modifié le capot avant. Fini les formes arrondies et place aux angles plus nets. Les Fuchs ne sont plus de série mais en option, laissant voir l’apparition des jantes ATS en 6x15. Le spoiler se fait plus discret, les clignotants s’intègrent aux pare-chocs et pour la première fois, un bandeau rouge fait le lien entre les feux à l’arrière avec un gros lettrage Porsche. 

À l’intérieur, le confort s’invite. Les sièges reçoivent un meilleur maintien, le bac de rangement est plus facile à utiliser et la ventilation a été améliorée. Parmi les nombreuses modifications apportées sur la 911 2.7 S, le train arrière adopte des bras de guidage en alu, plus légers et plus résistants. 

L’année suivante, les évolutions apportées sur la Porsche 2.7 S concernent quelques éléments tels qu’un échappement plus silencieux, une meilleure isolation phonique et la suppression du logo 2.7, entre autres. Celle qui était autrefois la référence sportive de la marque ne l’est plus. Ce modèle coincé entre les normes de pollution et de sécurité, et l’ombre de modèles plus attractifs perd son prestige et disparaît pour laisser place à la nouvelle Carrera 3.0L introduite en 1975.

L’appellation 911 S ne revient que quelques années plus tard avec la Porsche 993, perpétuant ainsi l’histoire. 

Pour en savoir plus sur la Porsche 911 2.7 S, rendez-vous dans les guides d’achats du n°224 et du n°347 disponibles à la commande.

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Photos : Marc Joly

Par Charlotte Bazaille