Porsche 918 Spyder, la supercar hybride aux 887 ch

En 2010, au salon de Genève, Porsche présente le premier concept de la 918 Spyder. Le projet séduit mais ce n'est que trois années plus tard, au salon de Francfort, que la 918 Spyder est rendue officiellement publique. La troisième hypercar de chez Porsche après la 959 (1987-1988) et la Carrera GT (2003-2006) a été produite entre 2013 et 2015. 

Flat 6 Magazine en la personne de Marc Joly, Rédacteur en Chef, était au salon de Francfort et rappelle l’engouement autour de cette nouveauté hors norme. Il faut dire que sa présentation à la presse a été marquée par une mise en scène singulière. Walter Röhrl emmenait Matthias Müller sur le devant de la scène à travers un écran de fumée. Durant cette exposition officielle, notre Rédacteur en chef ne put s’empêcher de monter à l’intérieur de la nouvelle hypercar. Dans le n°272, il raconte : “J’ai eu l’impression d’être immédiatement en phase, en prise directe avec la machine, comme happé par elle. Un véritable cocon, cet habitacle, une bulle qui vous isole du monde et vous relie directement au plaisir. Tout tombe directement sous la main, le siège semble être moulé à la forme de votre corps, les mains s’emparent du volant et vous n’avez déjà qu’une envie : démarrer, et rouler ! Rarement, je l’avoue, une auto m’aura fait aussi forte impression en si peu de temps, surtout dans de si mauvaises conditions ! Ca y est, c’est fait, la 918 m’a envoûté, je suis sous le charme…”

Le V10 de la Carrera GT puisait ses origines dans un projet de voiture de compétition abandonné. Le V8 4,6 l de 608 ch (capable d’atteindre le régime de 9150 t/mn) de la 918 Spyder a lui aussi des gènes de course. Son architecture provient de la glorieuse RS Spyder qui a remporté le championnat ALMS LMP2 de 2006 à 2008 et les 12 Heures de Sebring 2008. 

L’essieu arrière peut être entraîné seulement par le moteur à combustion, le moteur électrique ou les deux. Ces deux moteurs envoient la puissance aux roues arrière uniquement. L’avant accueille un moteur électrique supplémentaire et autonome de 95 kW. En additionnant la puissance du moteur V8 aux 286 ch à 6500 t/mn des moteurs électriques, cela fait un total de 887 ch obtenus à 8500 t/mn. Le couple varie en fonction du rapport entre 917 et 1280 Nm. 

Avec son poids de 1634 kg, elle est la plus lourde des trois supercars (mais aussi la plus puissante). Équipée du pack Weissach, elle se déleste de 35 kg grâce à ses jantes ultra-légères.

Son empattement de 2730 mm correspond à celui de la Carrera GT. Pour quelles raisons ? Questionné à ce sujet, le Dr Frank-Steffen Walliser, chef du projet du programme 918 Spyder, explique qu’il s’agit de “l’idéal pour des proportions correctes”. Pour ce qui est des dimensions, comptez 4,643 mètres de longueur, 1,940 mètres de largeur et 1,167 mètres de hauteur. 

Le châssis multibras s’inspire de la course. Le PASM (Porsche Active Suspension Management) et les roues directrices proviennent des 911 GT3 et Turbo. Par ailleurs, le système PAA (Porsche Active Aerodynamic), nécessaire pour une amélioration de l’aérodynamisme grâce à différents déploiements d’ailerons et de spoilers, émane de la 911 Turbo. 

En termes de performance, Porsche annonce une vitesse de pointe de 345 km/h (150 km/h en mode 100% électrique). Le 0 à 100 km/h est abattu en 2,8 secondes (annoncé en 3,9 secondes pour la Carrera GT), le 0 à 200 km/h en 7,7 secondes et le 0 à 300 km/h en 22,0 secondes. En aparté, sachez que ces performances impressionnantes sont atteignables avec une 911 GT2 RS. Cette dernière tombe elle aussi le 0 à 100 km/h dans le même temps. La 992 Turbo S affiche un 0 à 100 km/h en 2,7 secondes. Le plaisir de conduite, l’image, la rareté… Tout diffère entre ces Porsche. Néanmoins, il est intéressant de voir combien le constructeur de Stuttgart parvient au fil des années à améliorer la performance de ses modèles pour toujours plus de plaisir. 

À travers un commutateur (sous le nom de Commutateur Map dans l’habitacle), cinq modes de conduite sont disponibles. 

• Le premier mode “E Power” s’enclenche au démarrage de la 918 si la charge de la batterie est suffisante. Ce mode entièrement électrique dispose d’une autonomie de 16 à 32 km capable d’atteindre le 0 à 100 km/h en moins de 7 secondes et de monter à 150 km/h. Si la charge de la batterie est insuffisante au départ, ou le devient en roulant, le mode hybride prend son relais.
• Le mode hybride, comme son nom l’indique, mobilise l’utilisation des différents moteurs. Cependant, il privilégie au maximum la conduite avec moteur électrique, ce qui permet d’annoncer de faibles consommations pour le Spyder 918. 
• Le troisième mode connu sous le nom de “Sport hybrid” place le V8 au premier rang. Les moteurs électriques viennent en renfort du moteur thermique selon la conduite adoptée en apportant des coups de boost. Performance et sportivité sont ici au rendez-vous. 
• Le mode “Race hybrid” est destiné à la conduite très sportive. Tout le processus est accéléré et la boîte PDK (seule boîte disponible sur la 918 Spyder) se met en mode Sport. Les moteurs électriques se rechargent plus vite et donnent des effets de boost plus rapidement et aisément. Les capacités de la voiture sont alors exploitées en grande majorité.
• Il suffit d’appuyer sur le bouton “Hot lap” en plus du mode “Race hybrid” pour aller chercher le maximum de ce que la 918 peut offrir. Tous les moteurs sont alors en pleine capacité. 

Les 918 modèles mis à la vente étaient affichés au prix de 775 404 € lors de leur sortie. Avec le pack Weissach, le prix grimpait à 847 164 €. Dans un article intitulé : “10 anecdotes à savoir sur la Porsche 918 Spyder”, nous vous dévoilions que ce prix était bien supérieur à celui de la Carrera GT (469 000 € en 2003). Néanmoins, la 918 Spyder était moins chère que ses deux concurrentes désignées, la Ferrari LaFerrari et la McLaren P1, qui dépassaient déjà toutes les deux le million d’euros.

Actuellement, la cote flat 6 de l’hypercar affiche 1 150 000 €, auquel il faut ajouter le coût d’entretien colossal du modèle. 

Pour la première fois dans l’histoire de Porsche, la marque décide de proposer une série limitée soumise à la signature d’un bon de commande pour la 918 Spyder. Imaginez un peu la scène… Porsche vous propose, pour vous faire patienter de la livraison de votre Spyder 918, d’acheter cette édition limitée portant le même numéro que votre supercar, bien entendu. L’idée pouvait paraître farfelue et pourtant, elle a fonctionné puisque 149 exemplaires ont été vendus pour un prix de 175 000 € pour la version coupé et 186 000 € pour le cabriolet. 

La 997 Turbo S “Edition 918 Spyder” ne diffère pas d’une 997 Turbo S de série : 530 ch portés par un moteur 3.8 bi-turbo et 700 Nm de couple. Cette opération, pouvant être jugée de “coup marketing” apporte quelques spécificités à la Turbo tels que des détails de couleur vert acid (acidgreen) notamment le “S” à l’arrière, l’appellation “Edition 918 Spyder” sur les bas de portières et les étriers de freins. Certains éléments sont en carbone sur la carrosserie et dans l’habitacle. À l’intérieur, cette édition limitée est largement équipée avec les sièges sport adaptatifs, le régulateur de vitesse et les aiguilles des compteurs en acidgreen entre autres. Qu’on apprécie ou non ce modèle, il contribue au mythe de la 918 Spyder.

Retrouvez la Porsche 918 Spyder dans les anciens numéros de Flat 6 Magazine :

• n°242 pour l’annonce des nouveautés : 918 Spyder et 911 Turbo S Edition 918 spyder 
• n°261 pour une expérience au volant d’une 918 Spyder. 
• n°272 pour la présentation au Salon de Francfort 2013

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Par Charlotte Bazaille