Spyder 981

Porsche Spyder 981 : voiture ouvreuse au rallye de la Côte fleurie

Le 01/04/2023

Dans Porsche 718/Cayman/Boxster

Et voici un nouvel épisode dans la vie passionnée, passionnante et tumultueuse de Nemo, fidèle Spyder 981 de notre Rédacteur en chef, Marc Joly. Ou comment vivre une aventure exceptionnelle, en ayant le privilège d’ouvrir le rallye de la Côte fleurie à son volant.

L'ouverture du rallye de la Côte fleurie en Spyder 981

Rouler en circuit ? Oui, c’est génial. Et c’est aujourd’hui une des rares possibilités de prendre du plaisir au volant de sa Porsche, sans avoir peur des radars, et en toute sécurité. Mais je ne sais pas pourquoi, si rouler en circuit m’a toujours procuré bien des moments de bonheur, que ce soit en essais de nouveautés ou en course (rhaaah… Le Mans Classic 2022…), je dois bien reconnaitre que cela n’a jamais été ce qui m’excitait le plus au volant. Mon truc à moi, ma vraie passion de la conduite, ce sont les petites routes, ces virages qui s’enchainent à l’infini, et qui laissent une grande part à l’improvisation, offrant au final cette sensation unique de ne plus faire qu’un avec sa machine. Mais bien sûr, attaquer fort sur routes ouvertes, aujourd’hui, cela peut vous emmener direct à la case prison, sans passer par la case départ. Fort heureusement, il reste les rallyes. J’en ai fait deux saisons complètes, quand j’étais jeune, en 1984 (Talbot Samba Rallye) et en 1986 (R5 GT Turbo), avec quelques podiums et même une victoire à la clé. Depuis, tous les rallyes auxquels j’ai participés étaient en mode régularité, avec en fleurons le Monte Carlo historique et le Tour Auto historique. Deux immenses souvenirs, mais je n’ai pas peur de le dire, la régularité m’ennuie. Je comprends et respecte qu’on puisse y trouver un immense plaisir, mais à titre personnel, j’ai toujours trouvé cela frustrant. Alors quand Xavier Benejean, ami du club Spyder Speedster, lui-même propriétaire d’un magnifique Spyder 718 bleu miami, m’a proposé de faire voiture ouvreuse au rallye de la Côte fleurie avec lui, je n’ai hésité que le temps d’une respiration. L’aventure était trop belle !

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Des consignes précises

Pour ceux qui ne connaissent pas, il faut savoir que dans un vrai rallye, une fois que les routes sont fermées à la circulation et que le public s’est installé dans les zones qui leur sont autorisées, la première voiture à passer est celle du commissaire de course. Une fois que celui-ci a validé la sécurisation de la spéciale, vient alors le temps des voitures VIP ouvreuses, dont le nombre est variable d’un rallye à l’autre. Ici, au rallye de la Côte fleurie, organisé par l’ASACO Pays Normand (l’épreuve est de niveau national, juste l’échelon en-dessous du championnat de France, mais elle compte pour la coupe de France des rallyes), il y en avait 11. Ce sont soit des partenaires du rallye, soit des proches de l’organisation pouvant amener des autos suffisamment intéressantes pour que le public patiente en attendant les vraies voitures de course. Puis, il y a les voitures zéro (pouvant être au nombre de trois), avant les participants du rallye. Mais attention, les voitures VIP ouvreuses ne sont aucunement intégrées dans la compétition (elles ne sont pas chronométrées), et les équipages ne sont pas casqués, et encore moins en combinaison. Nous avons été clairement briefés avant le départ de l’épreuve : notre rôle est juste de faire rouler de belles voitures en guise d’apéritif pour les spectateurs, avec interdiction absolue de se sortir et de trop en faire. Et ce d’autant plus qu’en tant qu’ouvreurs, la probabilité de tomber sur des spectateurs marchant sur la route reste probable. Il nous est même dit, afin de bien nous calmer, que les commissaires signaleront le moindre excès de notre part et que nous pouvons être exclus à la moindre incartade. Le ton est donné, et nous voici responsabilisés. Dans les onze voitures, nous sommes trois Porsche : une 964 Carrera 2 et le Spyder de Xavier. Sinon on trouve un mélange hétéroclite composé de Toyota Yaris GR, Jaguar XJR8, Clio RS, Escort Cosworth et autres.

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Crédit photo : kikiphotorallye

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Le bonheur, en grand

Avec la copilote qui m’a été attribuée pour l’ensemble du rallye, nous avons passé tout le jeudi à passer trois fois dans les spéciales, en reconnaissance, dans une Mini. Les reconnaissances sont aujourd’hui très réglementées, ce qui est normal, on doit strictement y respecter le code de la route, et la tranquillité des riverains. Pour moi, l’important était surtout de reprendre mes marques, en vue de ma prochaine participation au rallye du Mont-Blanc en 911 SC groupe 4 (voir nos news classic), et surtout de repérer tous les endroits où Nemo souffrirait si je passais trop vite : trous, compressions, caniveaux, bosses, etc. Mais au moment de prendre le départ de la première spéciale, vendredi soir, la pression était bien là, avec la sensation d’avoir à tout réapprendre. Il faut pourtant croire que rouler sur des petites routes fermées à la circulation, dans le cadre d’un rallye, même sans aucun enjeu, et sans être chronométré, c’est comme le vélo, on n’oublie rien ! Mes automatismes sont revenus tout de suite, malgré des notes bien trop approximatives (tant mieux, cela oblige à être encore plus prudent), et les 6 km de cette première spéciale m’ont paru bien trop courts ! Heureusement, dans la foulée, nous avons eu droit à une très amusante spéciale-spectacle devant le casino et l’hôtel Royal Barrière, partenaires du rallye. Une sorte de gymkhana à parcourir quatre fois. Je n’en suis pas revenu de pouvoir rouler à fond avec Nemo là où se déroule chaque année le Casting Porsche. Trop bon !

Après une courte nuit de sommeil, restait à disputer les 8 spéciales du samedi ! Sur l’ensemble du rallye, il y a 114 km de spéciales, largement de quoi se faire plaisir. Le samedi, nous avions en fait trois spéciales différentes, deux à faire trois fois, une à faire deux fois. Comme par hasard, un petit crachin est tombé ce matin, rendant les routes, souvent couvertes de terre, très glissantes. Voilà qui va pimenter la journée. Mais Nemo va se montrer incroyablement souverain, joueur et jouissif. Le Spyder, je vous le confirme, est vraiment un jouet fa-bu-leux, surtout avec la sonorité si délirante du Spyder 981

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Crédit photo : L’cliché Ryan Payot

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Crédit photo : Sébastien Jayet

Au volant de la Porsche Spyder 981, un festival !

Ainsi, tout au long de cette journée, je vais prendre un plaisir insensé à fusionner avec Nemo. Tout en restant prudent et précautionneux, surtout lorsqu’on attaque la seconde boucle avec 200 voitures de rallye qui sont passées et qui ont ramené de la terre et des cailloux sur la route, je vais quand même pouvoir me lâcher et vraiment m’amuser. La consigne, de toutes façons, et en toutes circonstances, est de ne surtout jamais prendre aucune corde. Pour le reste, et en tenant compte des pièges recensés pendant les reconnaissances, tout n’est que plaisirs : sur ces routes étroites, glissantes, tantôt très rapides, tantôt très sinueuses, il faut être en mode concentration à 200%, en permanence, sans ne jamais rien lâcher. Mais le Spyder est si agile qu’on se joue de tout. Par exemple, j’ai fini par prendre l’habitude de descendre la première dans tous les virages serrés, et pas que dans les épingles, en constatant que la boîte manuelle du 981 est juste parfaite et conçue pour ce genre d’exercice, à savoir que la première devient un rapport comme un autre, qu’on descend d’autant plus facilement que le talon-pointe automatique (oui, j’avoue, je n’ai jamais débranché l’antipatinage qui aurait pu me permettre de faire le talon-pointe moi-même, afin de rester en mode sécurisé sur un terrain aussi piégeux) permet d’utiliser cette première très facilement. Et je vous garantis que ressortir en 1ère des virages serrés, c’est juste énorme : glisses fréquentes assurées, mais tout en aisance, sans jamais générer de frayeur ou d’impression que le contrôle va être perdu. Un régal ! J’en ai pourtant pris bien des plaisirs, en sept années de vie commune avec Nemo, mais cette expérience au rallye de la Côte fleurie, sur des routes fermées à la circulation, avec du public, a sûrement été l’un des tout meilleurs moments, si ce n’est le meilleur ! Ah oui, au fait, un dernier mot : dans un monde où on voudrait nous faire croire que la passion de l’automobile est ringarde, j’ai été sidéré par la foule que draine un rallye au bord des routes. C’est une vraie fête populaire, un événement d’une taille considérable, démontrant une fois de plus que les français et la bagnole, c’est une vraie histoire d’amour, surtout si elles vont vite et qu’elles font du bruit !

 

Un très grand merci à tous ceux qui ont rendu cette aventure possible, l’ASACO Pays Normand, l’écurie de la côte fleurie, et Xavier Benejean.

Porsche spyder 981

Par Marc Joly