Porsche 964 RS : histoire, caractéristiques et essai

Présentée en 1990, aux salons de Birmingham et Paris, la 964 RS constitue une 911 mythique que tous les passionnés connaissent. À l’origine, Porsche souhaitait produire cette 911 RS pour le nouveau groupe N/GT destiné à faire courir des GT de série dans divers championnats en Allemagne, Suisse et Belgique. Le projet 964 Carrera N/GT s’inspirait directement de la 964 Carrera Cup, conçue pour remplacer la 944 Turbo Cup dès 1991 en France. La 964 RS aurait dû se nommer 964 Carrera N/GT, avant que le constructeur de Stuttgart opte à la dernière minute pour l’appellation “Carrera RS” (RennSport). Alors que la 911 2.7 RS a été produite à 1590 exemplaires, l’objectif de Porsche était de sortir 1000 exemplaires de la 964 RS pour permettre à ses clients de s’engager en compétition, dans un championnat européen. De ce fait, entre sa présentation en 1990 et sa commercialisation, plus d’un an s’est écoulé. Porsche désirait homologuer sa 911 dans ce groupe, retardant ainsi le lancement de la 964 Carrera RS. C’est au millésime 92 que les premiers modèles sont sortis d’usine, si bien que certains la nommèrent (et la nomment encore) “RS 92”.

La Porsche 911 2.7 Carrera RS a gravé à tout jamais, dans l’histoire de la marque, cette dénomination “RS” qui demeure indissociable de ses ultra-sportives. La Porsche 964 Carrera RS se distingue de ses congénères par ses jantes 17” en magnésium, ses rétroviseurs profilés et sa caisse rabaissée de 40 mm en comparaison à une 911 Carrera 2 de série. Ces rétros profilés ont ensuite été adoptés par tous les modèles de la marque. Les plus attentifs remarquent que le pare-choc arrière (plus léger que sur la Carrera 2) diffère de la 964 Carrera 2 et que la plaque d’immatriculation est éclairée par deux bossages sur les côtés. 

Initialement destinée à la compétition, la 911 Carrera RS s’inspire du look de la 911 Carrera Cup, sans les autocollants et sans l’arceau. Et qui dit compétition dit allégement. La RS gagne 140 kg par rapport à la 964 Carrera 2 grâce aux jantes magnésium et à une longue liste d’équipements manquants à l’appel. Voici une liste non exhaustive : absence de direction assistée, sièges arrière, isolants phoniques, climatisation, alarme, vitres électriques… Les sièges sont des baquets allégés et les moquettes sont plus fines. Porsche a gratté les moindres grammes possibles, offrant également à la 964 RS un capot avant en alu, sans vérins, maintenu par une petite barre. Et pour gagner encore un peu plus de poids, le lave-glace ne contient que 1,1 litres au lieu de 7 litres de produit. Lorsque l’on cite le travail réalisé par le constructeur de Stuttgart sur ce modèle, on comprend immédiatement son affiliation avec le milieu de la compétition. En plus de cet important allégement, Porsche a amélioré le moteur avec une simple modification du boîtier. La 964 RS gagne 10 ch par rapport à la 964 Carrera 2, développant ainsi 260 ch au même régime, soit 6100 tr/mn. Le couple gagne 15 Nm, passant ainsi de 310 Nm à 325 Nm à 4800 tr/min. La 964 Carrera RS adopte également les freins de la 964 Turbo 3.3 à l’avant (322 mm) et ceux de la Cup à l’arrière (299 mm). 

Marc Joly, ancien Rédacteur en Chef de Flat 6 Magazine décrivait dans le n°346 : “Lorsque nous avons commencé les premières photos d’action dans le virage Samson, et que j’ai entamé une série d’allers-retours dans cette partie rapide et sinueuse, sur une chaussée encore grasse et glissante, j’ai mis un certain temps avant d’oser accélérer franchement. Comme si, malgré toutes ces années d’expérience, j’avais peur que cette RS me désarçonne. Quand j’ai enfin trouvé le plancher avec la pédale de droite, je me suis gentiment moqué de moi-même : ce ne sont jamais que 260 ch ! [...] C’est une authentique sauvage ! Non pas tant par sa puissance, qui reste mesurée (même si, en termes de rapport poids-puissance, elle ne fait quand même pas semblant !), mais c’est le compromis entre sa puissance et son châssis qui est déroutant. Strictement de série, une 964 RS était d’abord et avant tout conçue pour la piste. [...] La 964 RS, c’est un peu l’âge de pierre de la 911 de circuit utilisable sur route. Les amortisseurs semblaient être en bois, et on ressentait le passage sur chaque feuille morte. Du coup, si on commençait à attaquer fort sur des routes mal revêtues, cela devenait très vite rock’n roll. [...] Dos fragiles s’abstenir. En revanche, une fois posée sur circuit, quelle redoutable efficacité ! Il fallait oser aller très vite, et ne rien lâcher avec elle; Elle a pendant longtemps atomisé tout le monde, et je me souviens que la 993 RS mit du temps à la détrôner. On pouvait en faire tout ce qu’on voulait, une fois le mode d’emploi assimilé. L'idéal était de la piloter “proprement dans la plus grande fermeté”. Elle demandait en effet à être brutalisée en douceur, si vous préférez.”  

La 964 RS est devenue un vrai collector. Contrairement à la 911 RS 2.7, la 964 a été produite essentiellement en version Light, portant le code M001. La Touring a existé avec son code option M002, cependant, aucun des 76 exemplaires produits n’a été vendu en France. Ces modèles disposent de plus d’équipements de confort, augmentant ainsi son poids de 80 kg par rapport à la version que nous connaissons en France. 

Retrouvez plus d’informations sur la Porsche 964 RS dans les guides d’achat réalisés par Marc Joly dans les n°346, n°237 et n°172 disponibles à la commande ou en souscrivant à l’abonnement digital et profitez des anciens numéros.

Photos : Christophe Gasco

Par Charlotte Bazaille